Sur les chemins de la Retirada : deuxième partie – de Collioure à Elne — Mercredi 04 Octobre
Une journée mémorable sous le soleil d’octobre
En ce début d’octobre, les températures douces nous permettent de partir en équipement court pour visiter trois lieux mémoriels. Notre première destination est Collioure, berceau du Fauvisme. La ville, encore animée par de nombreux touristes et baigneurs, nous accueille sous un beau ciel d’automne.
Collioure : sur les traces de Matisse et Machado
Nous commençons notre visite à pied, vélos à la main, découvrant les œuvres de Matisse et Derain reproduites le long des quais jusqu’à l’église Notre-Dame des Anges. Le château royal, où des réfugiés espagnols furent emprisonnés, se dresse majestueusement. Nous flânons dans les ruelles colorées….







…avant de rejoindre le cimetière où repose Antonio Machado, le poète préféré des Espagnols. Arrivé épuisé à Collioure le 29 janvier 1939, Antonio Machado y meurt le , trois jours avant sa mère.



Il n’y a pas de chemin, ce sont tes traces le chemin et rien d’autre.

« Machado dort à Collioure
Trois pas suffirent hors d’Espagne
Et le ciel pour lui se fit lourd
Il s’assit dans cette campagne
Et ferma les yeux pour toujours. »
Argelès-sur-Mer : témoins d’une triste Histoire
Nous continuons notre périple vers Argelès-sur-Mer, connu aujourd’hui pour son tourisme balnéaire, mais en 1939, ce n’était qu’un petit village agricole de près de 3 000 habitants. Le gouvernement français décida d’y établir un camp d’internement sur la plage, afin de recevoir les réfugiés républicains espagnols. Il servira ensuite de camp de concentration pour les Tsiganes, les Juifs, ainsi que pour de nombreux étrangers. Avec plus de 250 000 internés transitant par le camp de 1939 à 1941, dont plus de 110 000 uniquement dans la période de février à il s’agit de l’un des premiers et un des plus importants camps de concentration français. Il fait partie des symboles de la Retirada.
Sur le territoire d’Argelès-sur-Mer, la municipalité a mis en place des « Lieux de Mémoire » situés sur des emplacements emblématiques du camp.
Quelques images de la plage que nous longerons…


… avant de rejoindre le premier « Lieu de Mémoire ». Sur la plage, un monolithe marque l’emplacement de l’entrée sud du camp.



Nous repassons par la ville. Le musée mémorial du camp, un espace dédié à la mémoire des 475 000 réfugiés espagnols nous vaudra une visite. Une exposition, divisée en deux grandes zones symbolisant l’Espagne d’un côté et la France de l’autre, retrace l’historique de la Retirada. Un film documentaire de fiction évoque les conditions de vie difficiles dans le camp.



Puis nous rejoignons, un autre lieu emblématique : le « Cimetière des Espagnols ». Le “Cimetière des Espagnols” est un autre lieu poignant, avec une stèle portant les noms des personnes décédées et un mémorial émouvant dédié aux 70 enfants de moins de 10 ans décédés dans le camp. Leurs noms sont gravés sur des cailloux aux couleurs du drapeau de la République.



Elne : un refuge de solidarité
Nous enfourchons nos vélos pour rejoindre Elne et visiter l’ancienne maternité suisse, un lieu chargé d’émotions, d’espoir, de solidarité et d’humanité. Près de 600 enfants y sont nés entre 1939 et 1944 grâce à l’action courageuse d’Elisabeth Eidenbenz.
Avant de pénétrer dans l’édifice, nous lisons attentivement les panneaux informatifs situés dans le parc. Ils restituent le contexte historique de la création de la maternité ainsi que son action. Je vous laisse les découvrir ci-dessous.
Le bâtiment, en cours de restauration, n’a que son rez-de-chaussée accessible pour des problèmes de sécurité qui pourraient, entre autres, être liés à la sécheresse.
Nous visionnons un film où Elisabeth Eidenbenz raconte, quelques temps avant sa mort en 2011, son combat pour sauver un maximum de personnes.
Elle mena un combat acharné dans le but de sauver un maximum de personnes. Volontaire au sein de l’association du Secours Suisse aux Enfants d’Espagne, elle permit l’ouverture de la Maternité Suisse d’Elne en décembre 1939 et en sera la directrice jusqu’en avril 1944, date à laquelle cet îlot de paix a dû fermer. Grâce à sa persévérance, près de 600 enfants d’une dizaine de nationalités différentes ont vu le jour au sein de cette Maternité et un millier de femmes et autant d’enfants y furent accueillis : la grande majorité de ces personnes était internée dans les camps d’Argelès, de Saint-Cyprien et de Rivesaltes, dans des conditions insoutenables.
https://ville-elne.fr/fr/rb/1227865/maternite-suisse-2
















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