Jour 30 — Mardi 18 Juin
Le ciel est bien couvert ce matin. Je vais rouler une trentaine de kilomètres en Suisse Normande mais malheureusement l’éclairage ne permettra pas de réaliser de beaux clichés. Ce passage en Suisse Normande était celui que j’appréhendais le plus lors de la préparation du voyage. Les pourcentages de certaines pentes correspondent bien à ce que j’avais pressenti. Je vais franchir les deux cols de Normandie mais ce ne sont pas eux qui seront les plus difficiles à gravir.
La vidéo du parcours de l’étape
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Vidéo générée par l’application Relive
Ce sont d’abord quatre kilomètres de faux plat montant le long d’un ruisseau qui vont m’amener au pied du col Saint-Martin qui culmine à cent soixante mètres d’altitude. Il reste un kilomètre et demi, sur des pentes à six ou sept pour cent pour atteindre le col. Je ne fatigue pas.
Quelques kilomètres dans un joli vallon me conduisent jusqu’à l’Orne que je franchis. Ce sont quatre kilomètres sur une route à grande circulation peu agréable qui m’attendent. Heureusement le profil est descendant et je n’y reste pas longtemps.
C’est à partir du moment où je quitte cette route que les réelles difficultés de la journée se précisent. Un courte mais rude montée me conduit au village de Clécy puis un petite descente et un peu de plat au bord de l’Orne avant d’affronter une montée de quatre kilomètres sur des pourcentages entre huit et douze pour cent.
Je traverse une grande route pour en prendre une toute petite, avec de l’herbe au milieu, non cartographiée sur la Michelin, qui descend très fort et m’emmène au pied du col de Berjou. La montée du col sur des pentes à six et sept pour cent se passe bien. J’arrive au sommet où m’attend Paul Grante venu à ma rencontre. Il a trente-sept kilomètres au compteur tandis que j’en ai trente et que j’ai déjà près de huit-cent mètres de dénivelée cumulée.
Ce col ne présente pas de caractère topographique de col et je n’y vois pas de ligne de partage des eaux mais un simple sommet de côte.
Nous repartons ensemble et peu après Condé-sur-Noireau, juste après avoir quitté le département du Calvados pour rentrer dans celui de l’Orne, Brigitte et Marc Jeanne arrivent à notre rencontre. Comme au col de Berjou avec Paul, nous consacrons quelques minutes de conversation dédiées à la joie de nous retrouver et repartons pour Tinchebray.
Paul nous invite au restaurant où il avait réservé une table ce matin lors de son premier passage. Ce repas roboratif nous permet de passer un très bon moment de retrouvailles où nous pouvons bavarder, ensemble, tous les quatre ; ce qui n’était pas possible sur la route.
Il est temps de repartir, il reste une quarantaine de kilomètres à faire pour rejoindre Mortain et les difficultés ne sont pas terminées. Depuis que nous roulons ensemble tous les quatre le profil est globalement ascendant et il le restera encore pendant une trentaine de kilomètres. Paul m’a proposé de modifier mon parcours pour m’éviter quelques bosses moyennant une petite rallonge de quatre kilomètres.
La route que nous prenons n’est pas très fréquentée aussi nous pouvons discuter sans gêner les quelques véhicules. Les kilomètres défilent entre monts et prairies et nous conduisent dans le département de la Manche d’où sont issus mes compagnons de route. Des digitales ornent les bas-côtés de la route. En passant à Chaulieu, Paul me montre le point culminant de la Manche (365 m)
Nous arrivons à Sourdeval, là ou Guy Degrenne fonda son entreprise de couverts, seaux à champagne, plats… en inox et rejoignons la voie verte. Cette voie verte passe sur une ancienne voie de chemin de fer construite par Fulgence Bienvenüe, l’inventeur du métro. Fulgence avait alors prouvé son ingéniosité car la réalisation de cette voie ferrée avec un tracé rendu délicat par les contreforts tourmentés qui bordent la région n’était pas facile. Il utilisa trois inventions récentes pour mener à bien le projet : la dynamite, le détonateur et le perforateur à percussion.
Comme sur toutes les voies ferrées, la déclivité est douce mais je commence à ne plus avoir de gaz et quelques arrêts seront les bienvenus.
Nous arrivons à Mortain et reportons la visite des cascades et de l’ancienne Abbaye à plus tard car Paul a convoqué des journalistes pour m’interviewer. Mon voyage permettrait de communiquer sur le cyclotourisme.
Nous prenons quelques photos devant la collégiale et c”est après avoir bu une bonne mousse ensemble que Brigitte et Marc nous quittent.
Je reconnais à Mortain le même style d’architecture que j’ai vu à Thury-Harcourt ou dans d’autres villes de l’ouest, bombardées pendant la deuxième guerre mondiale et reconstruites juste après. J’interroge Paul à ce sujet et il m’explique qu’effectivement la ville avaient été détruite à quatre-vingt pourcent par les bombardements alliés et la contre-attaque allemande (bataille de Mortain) pour contrer la percée d’Avranches de Patton.
Avant de rejoindre Bion où habitent Paul et Annick, nous retournons voir les cascades et l’abbaye blanche. Nous étions déjà passés devant mais ne nous étions pas arrêtés les journalistes nous attendant.
La soirée se prolongera fort tard. Annick et Paul sont très attentionnés et ont à cœur de me faire découvrir les richesses de la Normandie : poiré, pommeau, trio de fromages normands (Livarot, Pont-l’Evêque et Camembert) et calva pour finir vont enchanter mes papilles !
La difficulté de l’étape avec une dénivelée record sans fatigue excessive, la gentillesse de mes hôtes et des deux Avranchais alimenteront de beaux souvenirs de ce voyage. Un grand merci à eux.
La trace GPS de l’étape
Jour-30-VI2019
Thury-Harcourt (14) → Bion (50)Vingt-huitième étape
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